En Espagne, l'une des premières destinations touristiques au monde, le mécontentement contre les effets négatifs du tourisme de masse ne cesse de croître. Les récentes actions de protestation qui ont fait sensation dans tout le pays en sont la preuve la plus éclatante. Sur le front de mer, où règne habituellement une ambiance de vacances, des affrontements bruyants ont eu lieu : Des manifestants ont insulté des touristes et leur ont demandé de "rentrer chez eux". Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Tourists go home" (les touristes rentrent chez eux) et "Esta es nuestra tierra" (c'est notre terre) témoignaient de la montée de la phobie du tourisme, qui touche désormais des régions autrefois paisibles comme le Chemin de Saint-Jacques.
La situation est particulièrement tendue dans les îles Canaries, en particulier à Tenerife. Les habitants se sentent dépassés par les conséquences négatives du tourisme, parmi lesquelles la dégradation de l'environnement, la pénurie de logements, les embouteillages et le manque d'eau. La presse régionale, comme le portail spécialisé Hosteltur et le journal régional El Diario, décrit l'archipel comme une poudrière.
En réaction, une vingtaine d'initiatives citoyennes se sont regroupées au sein de l'organisation "Canarias se agota" (Les Canaries sont à la limite). Ils prévoient une série d'actions, dont une grève de la faim illimitée et de grandes manifestations historiques le 20 avril, pour attirer l'attention sur leurs revendications. Parmi celles-ci figurent le gel de la construction de nouveaux hôtels et terrains de golf, l'introduction d'une taxe sur les nuitées et une réglementation plus stricte des appartements de vacances.
Les protestations reflètent une crise profonde qui n'est pas seulement ressentie aux Canaries, mais également dans d'autres régions d'Espagne à vocation touristique comme Barcelone et les Baléares. Les habitants de ces régions souffrent des conséquences sociales et environnementales de l'afflux effréné de touristes. Le président régional des Canaries, Fernando Clavijo, a certes promis des mesures visant à mieux répartir les richesses générées par le tourisme, mais la population réclame des solutions plus urgentes et plus durables.
Ces développements posent des défis majeurs à l'industrie touristique espagnole, qui représente une part importante du produit intérieur national. L'hostilité croissante envers les touristes pourrait avoir un impact à long terme sur l'image de l'Espagne en tant que destination touristique et nécessite un examen attentif et une adaptation de la politique touristique.
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